Un troisième tome qui clôt magistralement l'histoire de la famille Belhaj. On tourne la dernière page le cœur serré par l'émotion qui se diffuse tout au long du récit. Si vous n'avez pas encore lu les deux premiers tomes, ils existent en poche, n'hésitez pas. Si vous avez lu les deux premiers tomes, foncez !

Où l'on suit la fuite d'une jeune fille à travers les étendues sauvages d'Amérique.
Un roman de nature-writting à la fois prenant et rude.
C'est furieusement beau, dans une langue où les images et les sensations fusent !

Dans ce deuxième roman, Vidya Narine s'interroge sur le concept d'identité nationale, concept qui infuse le discours politique depuis 2007 et certains discours. Que revêt ce terme lorsque notre grand-mère vietnamienne est arrivée d'Indochine en 1952, en pleine guerre d'indépendance, "rapatriée" en quelque sorte car française par son mariage ? Que veut dire rapatrier lorsqu'on quitte notre pays d'origine, le pays colonisé, pour le pays colonisateur ? En mêlant son récit personnel, l'histoire du Viet Nam et de l'Indochine, en incorporant certains éléments du bouddhisme et de la médecine vietnamienne l'auteure raconte ici son idée de la France, celle d'un pays qui a besoin de tous ses éléments pour fonctionner. Un récit étayé par certaines statistiques et "chiffres à l'appui", on se rend compte d'une certaine invisibilité, voire invisibilisation, de l'immigration asiatique, descendants compris, comme on survole de très très haut la guerre d'Indochine en cours d'Histoire, pourtant un des conflits les plus longs et meurtriers depuis la seconde guerre mondiale. Il y a quelque chose de vivifiant dans l'écriture de Vidya Narine, qui nous pousse à chercher au delà de l'histoire racontée, à gratter les zones d'ombre pour trouver la lumière, son style est aussi riche que son écriture est précise et jamais on ne se perd dans ces récits entremêlés.

Une histoire de course à ski qui aurait du rester une simple compétition amicale entre deux hommes, l'histoire d'une amitié naissante entre deux jeunes femmes qui ont tout pour s'entendre, une histoire anecdotique sauf que les protagonistes sont un couple d'américains et un couple de russes, que nous sommes en Finlande en 1945, une Finlande sous haute surveillance des deux côtés de ce que l'on appellera bientôt "le rideau de fer"....
Un roman qui monte peu à peu en pression jusqu'au final bouleversant.

C'est un roman qui commence par la fin. La fin, la vérité, celle qui éclate et permet à la narratrice de se libérer d'une promesse tenue, il y a quelques années, lorsque l'amour était doux, tendre et merveilleux. Gilles et Claire, Claire et Gilles, tout le monde s'accordait à dire qu'ils s'étaient trouvés ces deux-là. La cinquantaine bien dépassée, c'était presque magique de les voir si amoureux.

Aujourd'hui, Claire est en préventive. Et nous remontons le fil de son histoire, entre témoignage de proches, prose en vers libre, interrogatoire policier et récit à la première personne. L'auteure nous entraine dans une sorte de vortex amoureux où l'héroïne perd peu à peu pied, vacille, ne veut pas y croire, pense que tout va aller mieux, car …"tout le monde a peur de la vérité. On traine les pieds, on y va à reculons, on tergiverse. On ne veut pas la vérité, on veut la paix" (p 15)

Camille Laurens nous entraine dans un récit construit comme un thriller, qui interroge nos désirs, nos failles, dans une société où les rapports amoureux sont de plus en plus inconfortables, où l'individu prime sur le couple, où l'empathie est devenu un sujet pour livre de développement personne. Un roman remarquable, servi par une écriture précise et dense.